Bonjour tout le monde,
Désolé de ne pas avoir donné de nouvelles.
Je vous avais laissé à Khorog où j'attendais de faire réparer la fissure qui était apparue sur la coque.
Voilà la suite :
Je vais au garage pour la réparation, qui est en fait une école mais ils ont un garage très bien équipé. Il pose une plaque de renfort, une heure plus tard je suis reparti sur la route.
Sur la route, je retrouve d'autres motos que j'avais rencontré avant. Je suis clairement le plus lent mais ils m'attendent gentiment.
L'altitude augmente et le puissance diminue, je suis obligé de pousser le PX dans certaines montées... Et on est pas encore au col à 4600m.
L'état de la route est très variable, on se demande parfois comment les camions arrivent à passer. Évidemment le gars en DR 650 dit que ça ne lui pose pas de problèmes
La réparation/soudure tient, je ne m'inquiète pas pour ça. Je m'inquiète pour le moteur qui a de plus en plus de mal. Je change le filtre à air dans l'espoir d'améliorer la situation, pas de gros changement. Il fait évidemment froid et il y a beaucoup de vent mais on avance tranquillement. Je m'aperçois qu'il y a des projections d'huile sur la roue arrière qui semblent venir de l'échappement, la carburation me semble trop riche mais j'ai déjà mis mon gicleur le plus petit, je ne sais pas quoi faire à part continuer en espérant que c'est seulement les effets de l'altitude et une fois redescendu tout redeviendra normal.
Voilà le passage le plus difficile, le fameux col Ak-Baital à 4600 m. Dans les dernières montées, je dois régulièrement descendre du vespa pour le pousser et l'aider à se relancer.
Et puis le dernier virage et la dernière montée, impossible à passer, plus que 100 m. J'essaye de pousser mais j'ai pas assez d'adhérence pour pousser (et la respiration à 4600m...), après plusieurs tentatives, j'accepte qu'il faut que je trouve une autre solution. J'enlève mes bagages, et enfin ça passe

On passe la nuit sous la tente, il y a énormément de vent, difficile de trouver un endroit abrité mais finalement on en trouve un pas trop mal.
Le paysage est ce qu'on peut appeler lunaire, très peu de végétation, peu d'habitant, j'ai du mal à comprendre pourquoi les gens vivent ici.
La station essence est un gars qui a 3 barrils dans sa maison et qui a des bidons calibrés pour savoir combien de litres il met. Ils nous assurent que l'essence est sans impuretés, on a du mal à le croire mais bon on a pas le choix.
Malgré le plus gros col passé, il en reste un, celui de la frontière entre le Tadjikistan et Kirghizistan à plus de 4000m. On longe la frontière avec la Chine, où il y a une clôture avec barbelé.
Première fois du voyage que j'utilise mes gros gants d'hiver, vent glacial et moins de 5°, j'arrive au poste frontière en poussant, j'ai de plus en plus l'impression que ma perte de puissance n'est pas seulement due à l'altitude. Je me dis que je vais attendre Osh pour vérifier tout ça, la grosse ville au Kirghizistan, je vois pas trop ce que je peux faire et j'ai pas envie de risquer d'être bloqué en pleine montagne. Il y a des touristes allemands qui hallucinent de voir un PX à cet endroit, je peux comprendre leur étonnement
Comme d'habitude, on a du mal à savoir où il faut aller pour se faire tamponner le passeport, on applique la technique classique d'attendre de se faire engueuler dans une langue qu'on ne comprend pas et être emmené au bon endroit, ça marche !
La route entre les deux postes frontières est vraiment défoncée mais on y arrive. Pour rentrer dans le bureau de la douane, on doit retirer nos chaussures. Je me suis habitué au hôtels qu'il le demande mais quand le douanier nous a fait signe d'enlever nos chaussures, on a eu un moment "C'est une blague ?!"
La perte de puissance ne pose pas trop de problème vu qu'on est en descente mais je sens que l'embrayage est en train de mourir. On arrive à Sary Tash, première "ville" après la frontière, avec mon embrayage qui patine vraiment beaucoup. On déjeune avec deux autres motards qui font le chemin inverse. Pensant à mon embrayage et espérant arriver à Osh le soir et pouvoir réparer, je leur demande comment est la route, ils me disent que ça devrait aller. Bon, avec leur grosse moto, il ne sont pas rendus compte qu'ils ont passé 3 cols à 3000 m. L'embrayage meurt complètement lors de la montée à la sortie de la ville. Je n'ai pas le choix de retourner en roue libre à la "ville" et trouver une solution.
Je me dis qu'à la station essence, ils pourront m'aider, ils ne parlent pas anglais mais j'arrive à leur expliquer mon problème et je comprend qu'il n'y a pas de garage et qu'il faut aller à Osh.
Ils s'appellent quelqu'un qui transportera le vespa à Osh, enfin c'est ce que je comprends. Entre temps des motards italiens s'arrêtent et se prennent en photo sur le vespa, ils ne s'attendaient pas à ça. Un autre motard hongrois s'arrête, essaye de m'aider (il parle russe) et ne repart pas tant qu'il n'est pas sûr que j'ai trouvé une solution à mon problème. Un français en en 4x4 me prête son téléphone si je veux appeler un garage à Osh pour savoir quoi faire. Entre temps il va déjeuner avec sa famille en me laissant son téléphone. Sa confiance est troublante, impensable de voir ça à Paris.
Le gars de la station me dit que je peux aller voir le "mechanic" du village, j'y vais sans grand espoir. C'est finalement un gars qui a quelques outils dans le coffre de sa voiture. Il ne peut pas faire grand chose pour moi mais il a quand même essayé. Je le vois faire une soudure pour un voisin à l'arc sans masque et ensuite il profite de l'électrode incandescente pour allumer sa cigarette
Finalement mon "dépanneur" arrive qui est en fait le monospace de la famille de l'institutrice du village, heureusement que le vespa est petit !
Nous voilà parti pour Osh, toute la famille en profite pour venir et faire les courses de rentrée. C'est une voiture importée du Japon avec le volant à droite, les dépassements sont un peu... enfin vous voyez le problème. On fait un arrêt pour voir un médecin traditionnel pour le père de la famille qui a mal au dos, c'est comme un ostéopathe qui dit Allahu Akbar avec de faire ses manipulations
Enfin arrivé à Osh dans la soirée dans une auberge où je retrouve des connaissances rencontrées sur la route pour aller dîner. Les réparations seront pour le lendemain.
La suite plus tard...